Le regard frais : pourquoi il est important de rafraîchir régulièrement son regard d'artiste

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Reprendre ses pinceaux après une pause : l'art du regard neuf

Ça faisait dix jours que je n'étais pas venue dans mon atelier de peinture.

L'herbe avait bien poussé dans le jardin et il était urgent de sortir la tondeuse et la débroussailleuse! J'ai enfilé mes vêtements de jardinage, mes bottes. Et je suis allée chercher les outils dans le garage.

La porte de l'atelier est restée fermée. Demain, me disais-je. Un peu de patience. Tu ne peux pas tout faire en même temps…

Redécouvrir ses œuvres en cours : la magie du temps qui passe

Demain est arrivé, et après mon premier café du matin, j'ai ouvert la porte de l'atelier. J'y avais laissé trois peintures reposer. Trois peintures sur lesquelles j'avais travaillées lors de mon séjour précédent, pendant quelques jours d'affilée, laissant mon inspiration artistique me guider.

Les premiers passages avaient été totalement livrés au hasard : peinture diluée, jeux et mélanges sur la surface, palette limitée. Elles avaient mis du temps à sécher. Et étaient restées ensuite plusieurs mois sans que je m'en occupe. Et puis il y a quinze jours, je les avais ressorties et j'avais décidé que ce serait mon travail du week-end de les faire évoluer.

Pourquoi prendre du recul est essentiel en peinture

Il y a un moment, quand on travaille sur une ou plusieurs toiles en cours (pour moi, c'est toujours plusieurs à la fois) où notre regard s'obscurcit, et se charge de tout ce qui a été fait avant. C'est un peu comme lorsque l'on va dans une parfumerie choisir une nouvelle fragrance : au bout d'un moment, on ne sent plus rien et certains magasins proposent des boites contenant des cafés en grains pour nous "rafraichir" l'odorat.

Je crois qu'en peinture artistique, il est important de faire la même chose : rafraîchir son regard régulièrement, mais cela prend un peu plus de temps que de cliquer sur la petite flèche de son navigateur ou de porter quelques grains de café à ses narines. Il faut au moins quelques jours pour "oublier" tout ce qu'on a mis sur la toile et pouvoir la regarder avec des yeux neufs. Pour la redécouvrir comme si on la voyait pour la première fois.

C'est donc ce que j'ai fait ce matin. Je suis entrée dans l'atelier avec l'espoir au cœur, et un peu d'impatience aussi. Allais-je être agréablement surprise? Est-ce que mon travail créatif précédent aurait porté ses fruits? Quelle serait ma réaction en redécouvrant mes trois peintures?

Je me suis approchée, j'ai regardé et j'ai souri. Oui, elles étaient exactement là où j'avais voulu les emmener. Pas encore vraiment terminées mais en bonne voie… Je sais que je vais m'y remettre cet après-midi, et peut-être les faire aboutir.

Mon conseil d'artiste : savoir s'arrêter au bon moment

Lorsque l'on peint, on traverse divers moments différents. Au début, on a besoin d'un temps de chauffe, et si on reprend une toile en cours, on y va par petites touches, pour ne pas tout bousculer. Et puis peu à peu, on prend de l'assurance, on sait ce qu'il faut faire. Nos gestes de peintre sont plus assurés, on n'hésite pas.

Et puis arrive un moment où, le pinceau suspendu en l'air, on se demande : où je vais maintenant? Qu'est-ce que je fais? Alors que jusque là on était dans le flow créatif, soudain, c'est comme si on trébuchait, comme si un obstacle invisible se mettait en travers de notre inspiration.

Pour moi, c'est le moment où il faut arrêter de peindre.

Les erreurs à éviter : forcer son inspiration

Je l'ai appris à mes dépens : souvent j'ai voulu forcer, continuer, me disant que j'avais encore du temps devant moi, ou que je voulais vraiment terminer cette peinture avant le soir, le week-end. Et je gâchais tout.

Maintenant, j'ai appris à repérer cet infime moment de bascule, où l'élan se tarit et où "je ne sais plus". Parfois c'est au bout d'une demi-heure. Parfois au bout de deux heures. C'est le signe qu'il est temps de poser brosses et pinceaux, et d'aller faire autre chose, pour que j'oublie un peu et que je puisse revenir avec un regard frais, lavé de tout ce qui s'est fait jusque là.

Écouter son corps d'artiste

Parfois, ça peut se manifester aussi par une fatigue physique. J'en ai marre tout simplement. J'ai mal au dos, j'en ai assez d'être debout. Avec l'expérience, je suis devenue très attentive à ces signaux, et j'ai appris à les écouter. Même si mon mental me dit qu'il faut continuer, que je n'ai pas assez travaillé, ou bien qu'il m'invente une "urgence" quelconque. Il ne devrait jamais y avoir d'urgence à terminer une peinture!

Créer sans pression : l'art de prendre son temps

La création artistique est un processus lent, et notre société voudrait que tout aille vite, de plus en plus vite. Il faut résister. Se donner l'espace, et le temps pour que notre désir de création puisse se déployer comme il l'entend.

Qu'en pensez-vous ? Partagez votre expérience d'artiste en commentaire !

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